Pesticides dans le vin, seul le bio
peut se rassurer !
Un « expert » se veut
rassurant sur les résidus de pesticides dans le vin
Réagissant à un article du 25/09 de Sud-Ouest « Vin
et pesticides : "Pas de danger toxique", dit un expert girondin »
(visible ici http://www.sudouest.fr/2013/09/25/pas-de-danger-toxique-1178985-1014.php),
il est quand même prudent de retenir que les lobbys de l’agriculture
conventionnelle, épaulée par les multinationales pétrochimiques veulent
rassurer les consommateurs. Or pour l’instant toutes les études effectuées sur
les vins ont trouvé des résidus de pesticides dans les vins conventionnels,
mais presque rien dans les vins biologiques.
A priori, il apparait un peu suicidaire de scier la
branche sur laquelle on est assis. Pour les régions viticoles, le dilemme est de
continuer à produire du vin dans un contexte socio-économique de plus en plus
difficile, avec de nouvelles normes environnementales. Et de ce coté là, le vin
a du souci à se faire.
En effet, quand on sait que la production viticole
utilise trois fois plus de pesticides que tout autre culture en France, il y a
de quoi se demander si des résidus peuvent se trouver le vin.
Des
composants dangereux retrouvés dans les vins conventionnels
L’ iprodione, un composé que l’on retrouve en moyenne à
hauteur de 80 µg / litre de vin de Bordeaux est plutôt inquiétant. D’après une
étude de l’Agence de Protection Environnementale des USA, une dose supérieure à
10 µg / litre provoque une baisse de la production de testostérone et la
prolifération de cellules de Leydig tumorales [1] (United States Environmental
Protection Agency, 1998). Cette substance est en plus classée cancérigène par la Communauté européenne en vertu de la
directive sur les substances dangereuses [2] (Pesticide Action Network Europe,
2008).
D’autres composés alarmants ont également été retrouvés
dans les résidus analysés de vins non-biologiques: le pyrimethanil (83,40 µg
/ L), le procymidone (19.90 µg / L), l’ azoxystrobin (8.15 µg / L), le dimethomorph (8.00
µg / L), ou encore le cyprodinil (3.90 µg / L), selon le Pesticide Action
Network Europe.
Globalement, les résidus cumulés de pesticides atteignent en moyenne dans les
vins non-biologiques 250 µg / litre. Par comparaison, les résidus cumulés dans les
vins non-biologiques approchent 10 µg / litre, sachant que la moitié des vins
bio analysés par cette étude suisse ne présentait pas de résidus
quantifiable soit inférieurs à 1 µg /
litre [3] (Edder,
Ortelli & Zali, 2005).
Hormis quelques cas où les parcelles de vins biologiques
ont reçu des traitements destinés aux parcelles voisines, les vins biologiques présentent
relativement très peu de traces de ces résidus dangereux, localisés dans les 4
premiers mètres des vignes biologiques attenantes aux vignes conventionnelles [4]
(Seiler, Erzinger & Wyss, 2007). Une étude allemande a démontré qu’il
existe également des cas où les vins biologiques qui sont produits ou filtrés
dans les mêmes endroits que les vins conventionnels peuvent également contenir
des traces de résidus de fongicides et d’autres pesticides [5] (Bauer, Schüle, Wolheim, Wieland & Scherbaum,
2012).
La solution donc ? Pour le consommateur ; écarter
les vins conventionnels et choisir des vins bios issus de producteurs
indépendants reste donc la meilleure alternative pour éviter ces résidus néfastes.
Pour le producteur, un espace tampon (haies vives de plusieurs mètres de large)
constitue le meilleur moyen pour diminuer la contamination de la culture
biologique provenant des traitements infligés aux cultures traditionnelles.
Revenez bientôt pour consulter notre article dédié à la
création de haies vives, ou bandes tampons arborées, dont le but est de réduire
les pollutions des cultures biologiques par les cultures conventionnelles.
Voir notre article sur Monsanto qui se bat contre les agriculteurs biologiques
[1] United States Environmental
Protection Agency (1998): Reregistration
Eligibility Decision (RED) IPRODIONE: “Réenregistrement de decision d’éligibilité:
Iprodione”. Prevention, Pesticides and Toxic Substances. November 1998. Page 15
. Visible: http://www.epa.gov/oppsrrd1/REDs/2335.pdf
[2] Pesticide Action Network Europe (2008): Etude sur la présence de résidus de pesticides dans le vin.
Etude Vin Pan-Europe. 6 mars 2008. London.
Page 8. http://www.mdrgf.org/pdf/Rapport_vin_pesticide_fr.pdf
[3] P. Edder, D.
Ortelli, O. Zali (2005): Survey of
Pesticide Residues in Wines: “Etude des résidus de pesticides dans les vins ».
Service de protection de la consommation (SPCo). Département de l'Action
Sociale et de la Santé. Genève. 2005 http://ge.ch/dares/SilverpeasWebFileServer/reference_11.pdf?ComponentId=kmelia704&SourceFile=1271862252149.pdf&MimeType=application/pdf&Directory=Attachment/Images/
[4] K.Seiler, F. Erzinger, G.S. Wyss
(2007): Pestizidrückstände auf Bio-Produkten ; Beurteilung
der Kontaminationswege am Beispiel Bio-Wein « Résidus de pesticides dans
les produits biologiques - Évaluation de la contamination à l'exemple du vin
bio ». Forschungsinstitut für biologischen Landbau. Frick. Page 73. http://orgprints.org/13419/1/seiler-etal-2007-Biowein_Kontaminationen_fini.pdf
[5] N.Bauer, E.Schüle, A.Wolheim,
M.Wieland, E.Scherbaum (2012): Organic Wine Production – Cross Contamination with Pesticide, Residues Caused by Filtration: “Production de vin
biologique: Contamination croisée par des pesticides: résidus causes par
filtration”. CVUAS, Chemisches und Veterinäruntersuchungsamt Stuttgart.
Stuttgart. 2012
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